Notre monde occidental s’est affadit au cours des trois dernières décennies et c’est pour une question de goût, de consommation et d’influence des avant-gardes.
Alors que les couleurs dominaient dans les années 1800 et que les noirs, gris et blancs ne représentaient que 15% de l’environnement, ils en occupent aujourd’hui 50%. Pourtant, ailleurs dans le monde, environ deux tiers des gens vivent dans un environnement coloré.
Voici quelques exemples de la disparition des couleurs dans notre environnement au cours des dernières années :
En 1952, 75% des voitures étaient rouges, vertes ou bleues alors qu’aujourd’hui elles sont blanches, grises ou noires. Les fabricants se sont ajustés aux goûts des consommateurs qui revendent plus facilement une voiture de couleur neutre.
Dans les peintures pour les murs les plus populaires, les tons vivants des années 1960, 1970 ou 1980 ont laissés la place à des tons plus neutres comme les beiges, les gris et les bleus foncés en 2020.
Les grands designers de mode sont des ambassadeurs de ces choix. On n’a qu’à regarder comment ils s’habillent dans les grands évènements… en noir bien entendu. Le noir est devenu signe a sobriété et est aussi devenu un symbole d’élégance féminine dans les années 20, et c’est d’ailleurs en 1926 que Coco Chanel a créé sa petite robe noire.
La couleur fait peur parce qu’on craint de passer pour sans classe et sans raffinement. Plusieurs théoriciens de l’art disent même qu’il faut s’en méfier.
Moins il y a de couleurs dans notre environnement, moins on en porte et moins on craint de faire des fautes de goût.
Le cinéma n’a pas échappé à cette éviction de la couleur au cours des deux dernières décennies où l’art numérique a changé la façon de filmer et de traiter les images. On constate d’ailleurs que les appareils électroniques sont en majorité noirs ; ceci est amené par les matériaux mais c’est aussi pour contrebalancer les couleurs très éclatantes du contenu des écrans : téléphones, télévisions, ordinateurs.
Dans les arts et l’architecture du début du XXe siècle, la non-couleur est de mise.
L’art contemporain et particulièrement l’art conceptuel, a évacué la couleur pour tendre vers le noir, le blanc et le gris. Je me rappelle mes années universitaires en arts visuels où on nous disait que l’œuvre devait d’abord fonctionner sans la couleur. Je faisais partie de ces bibittes rares qui en mettait à plein régime parce que les couleurs suscitaient pour moi, une attraction et des émotions incontestables!
Depuis les années 1980, l’architecture dévoile le verre, le béton et le métal. On valorise la forme et le mouvement dans des tons neutres et froids. L’intérieur est blanc et les cloisons sont grises.
La couleur a été très présente entre 1945 et 1975 parce que c’était une période de forte croissance économique pour la majorité des pays développés ou le niveau de vie a augmenté. On n’a qu’à penser aux couleurs des années 60 et la période disco. Dans les années 70, chez mes parents, la cuisine était tapissée de grandes fleurs jaune vif, le tapis du salon était rouge et la salle de bain était peinte et décorée d’un mauve lumineux. Ma mère avait beaucoup de goût et j’adorais toutes ces couleurs qui nous entouraient!
On a perdu de vue les fonctions de la couleur pendant de nombreuses années.
Qu’à cela ne tienne, on reconnait aujourd’hui l’importance des couleurs autant pour le bien-être mental que pour le développement des enfants.
Les couleurs revêtent une importance capitale autant dans notre quotidien que dans la mise en marché de tous les produits en boutique ou en ligne. Pour une boutique par exemple, le choix extérieur des couleurs et de la lumière ainsi que celles de l’intérieur, aura une importance capitale sur les ventes.
Il est démontré aujourd’hui que les femmes et les hommes ne réagissent pas de la même manière aux couleurs. Les bienfaits sont incroyables sur la concentration, la stimulation, la dépression, l’attention et sur le bonheur!
Voilà une autre raison pour l’apprécier et s’en entourer!
Si le sujet vous intéresse, je vous recommande fortement la lecture du livre «L’étonnant pouvoir des couleurs» de Jean-Gabriel Causse. Il nous amène à bien réfléchir sur l’influence des couleurs que l’on choisi pour notre environnement mais aussi, il nous invite à l’oser!
Une coloriste passionnée!
Lyne Lévêque